Jaroslav Halak, dans la lignée de Dryden et Roy?
À la fin de la saison 1985, un jeune gardien chétif était rappelé des
mineurs par les Canadiens pour remplacer Steve Penney, blessé par un
lancer frappé de Guy Carbonneau lors d’un entraînement.
Ce jeune, 4e choix des Canadiens, 51e au total du repêchage de 1984,
n’avait pas une fiche très reluisante dans les mineurs (une moyenne de
buts alloués de 4.44 et de 6.26 avec les Bisons de Granby), mais il
réussit tout de même à jouer 20 minutes et stopper 2 lancers après son
rappel en 1985. Ce fut un début très humble pour le jeune Patrick Roy,
mais dès la saison de 1985-86 il mena les Canadiens à la conquête de la Coupe et rafla le trophée Conn-Smythe au passage. Le reste de sa
carrière appartient aux livres des records.
Roy s’inscrivait dans la lignée des gardiens étoiles aux humbles
débuts initiée par Ken Dryden, qui n’avait pas non plus été considéré
comme un gardien d’envergure au repêchage. Tellement que les Bruins,
qui l’avait repêché avec leur 3e choix en 1964, l’échangèrent, que
dis-je, ils le donnèrent presque gratuitement aux Canadiens parce que
la direction des Bruins trouvait que Dryden prenait ses études en
droit trop au sérieux et qu’ils ne croyaient pas en son avenir dans la
LNH.
Tout comme Roy le fit après lui, Dryden entreprit sa carrière dans les
professionnels à la fin d’une saison, celle de 1970-71, en
remplacement de gardiens qui en arrachaient. Il termine la saison
régulière avec 6 victoires sur 6 départs et une moyenne de 1.65. Il
poursuit sur sa lancée pendant les séries éliminatoires et donne la
Coupe aux Canadiens en plus d’obtenir le trophée Conn-Smythe pour
lui-même. L’année suivante il obtiendra le trophée Calder et ses 5
autres Coupes ne tarderaient pas à venir.
En considérant ces deux cas de gardiens initialement biens pénards qui
connurent la gloire des Glorieux, on peut être tenté de faire parler
les chiffres en la faveur du nouveau gardien tout vert des Canadiens,
Jaroslav Halak.
Tout comme ces deux illustres prédecesseurs, Halak fut un oublié du
repêchage, choisi à la 9e ronde, 271e au total en 2003. Il fait lui
aussi son apparition en remplacement d’un gardien blessé à la fin
d’une saison où l’équipe en arrache, et sa fiche est prometteuse.
Avant son rappel par les Canadiens, il était le meilleur gardien de la
ligue américaine avec un pourcentage d’efficacité de 0.932 et une
moyenne de 2.00.
Jusqu’où pourra-t-il nous mener? La conjecture des chiffres et la
situation de Jaroslav Halak peut nous faire rêver, mais avant de
pousser nos rêveries trop loin, laissons le jeune gagner sa première
Coupe, et ensuite on verra s’il mérite d’être intronisé au Temple de
la renommée et d’avoir son numéro retiré…
par Boris Richard
Il y a au moins un chiffre qui joue contre Halak. Il porte le numéro 41, le même que Jocelyn Thibault, le malheureux qui fut échangé contre Patrick Roy.
Sacré Réjean Houle et ses échanges.